Les jouets en bambou pour enfants sont ils écologiques ?
Le bambou est devenu au fil des ans un matériau très tendance. Il est aujourd'hui présent dans un grand nombre d'objets du quotidien et dans les jeux et jouets des enfants. Qu'il s'agisse de jeux éducatifs ou créatifs, de jouets d'imitation, de motricité, de plein-air, de jeux de construction, de puzzles, de petites voitures miniatures, de poupées, de hochets premier âge et autres figurines. Le bambou dispose d'une excellente réputation écologique car il est naturel, biodégradable et durable. Au-delà de ses bienfaits sur l'environnement, ce matériau peut il être une alternative écologique pertinente aux jouets en plastique ? Les jeux en bambou pour enfant sont ils des jouets écologiques ? On en parle en détail dans ce nouvel article.
Le bambou : Qu'est-ce que c'est ?
Contrairement à l'idée reçue, ce n'est pas un arbre, mais une herbe ligneuse de la famille des graminées (Poaceae). La majeure partie des espèces végétales est originaire d'Asie et d'Amérique. Certaines variétés poussent aussi naturellement en Afrique et en Océanie. Il y a plus de 1400 espèces de bambous dans le monde. Des bambous nains ne dépassant pas les 1.50 mètre aux bambous géants qui peuvent atteindre une hauteur de 15 mètres. Il est utilisé depuis des millénaires pour confectionner de nombreux objets de décoration, des ustensiles du quotidien, du mobilier et des matières textiles. Il est aussi très présent dans la construction d’habitations en Asie. Ses qualités écologiques, sa robustesse et sa légèreté en ont fait une matière première de choix. Le bambou est aussi très largement employé comme plante ornementale et comme plante alimentaire (comme plantes fourragères pour nourrir le bétail et plus anecdotiquement le panda géant avec les jeunes pousses).
Les qualités écologiques du bambou
Le bambou est un matériau durable. Il est robuste, il est résistant à une utilisation prolongée et ne s’use qu’à long terme. C'est une matière première naturelle, renouvelable par excellence. Certaines variétés font partie des végétaux ayant la croissance la plus rapide au monde, jusqu’à un mètre par jour. Par ailleurs, les plants de bambou peuvent être coupés à plusieurs reprises, car ils continuent de croître après leur coupe. Cette grande vitesse de croissance contribue à faire que la production est abondante et peu coûteuse. Le bambou est biodégradable naturellement. Il se décompose dans l'environnement, plus ou moins rapidement, plus ou moins complètement en fonction des conditions environnementales.
La culture du bambou est économe en ressources. Elle nécessite une moindre consommation d'eau que celles des arbres feuillus. Les quantités d'engrais, de pesticides et d'insecticides pour le faire pousser sont aussi bien moindres. Il a en effet une bonne capacité à résister aux maladies et aux parasites.
Les plantations de bambou contribuent à limiter le réchauffement climatique. Elles ont une forte capacité à fixer le dioxyde de carbone de l'atmosphère. En stockant ce gaz à effet de serre, elles jouent le rôle de puits de carbone, comme les océans et les autres types de forêts.
Le bambou limite l'érosion des sols. Grâce à ses racines (appelées rhizomes), une plantation de bambous retient, stabilise la couche fertile et riche en matière organique des sols et évite qu'elle se déplace. Elle réduit ainsi l'épuisement, l'appauvrissement des terres et la baisse de leur productivité. Les plantations de bambou sont aussi capables d'assainir les sols pollués par l’agriculture et l’industrie intensives. C'est ce que l'on appelle l’agriculture régénérative.
Les cannes de bambou sont capables de pousser dans un grand nombre de régions du monde. Cela a pour intérêt de les produire dans les régions où elles vont être utilisées et de limiter leur transport jusqu’aux consommateurs finaux. Cette affirmation est cependant à nuancer pour les pays européens où la production est faible et qui les importent massivement d'Asie.
Les inconvénients du bambou
La culture de bambou à grande échelle est responsable d'une extraction, d'une déforestation massive qui menace grandement la biodiversité végétale et animale et les écosystèmes. Beaucoup d’espèces ont en effet besoin des forêts mélangées pour se développer correctement. La monoculture de bambou (surtout asiatique), qui augmente chaque année au détriment des surfaces forestières originelles, réduit la biodiversité de la faune et de la flore qui voient leur habitat profondément modifié.
Le bambou est classé comme étant une plante invasive. Grâce à son important réseau racinaire, il est capable de coloniser rapidement les sols et de remplacer les végétaux présents initialement. C’est le revers de la médaille de sa faculté à vite grandir.
Il a une mauvaise empreinte carbone. Il est souvent cultivé dans des régions éloignées de son lieu de consommation. Son transport sous forme brute ou bien transformée en produits de consommation va entraîner d'importantes émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà de l'épuisement des ressources, le processus de transformation du bambou en divers produits a un impact négatif sur l'environnement. Pour les objets du quotidien, il est en effet rarement utilisé sous sa forme brute, native. Le bambou est très souvent broyé sous la forme d'une fine poudre qui est mélangée à différents composés chimiques et résines plastiques plus ou moins toxiques, polluants, type mélamine formaldéhyde. Pour les textiles, la transformation du bambou en fibres aboutit dans la grande majorité des cas à la viscose de bambou. Pour fabriquer du textile, il faut aussi des acides et des produits chimiques nocifs pour l'environnement. Ces différents process de transformation sont aussi très consommateurs d'une énergie carbonée. Aggravant une fois encore l'empreinte écologique du bambou. Un risque de pollution environnementale et de contamination des nappes phréatiques du fait du rejet des eaux usées et de résidus dans la nature est aussi bien souvent à craindre.
Le bambou peut représenter un risque pour la santé des personnes, notamment des tout-petits. En particulier dans les objets transformés, fabriqués à base de résines et de liants divers. De nombreux rappels mentionnant la migration des composants sont régulièrement effectués par les services de la répression des fraudes (DGCCRF). Par ailleurs, leur usure augmente les risques dans le temps.
Le bambou est recyclable, mais à certaines conditions, en fin de vie. Lorsque le matériau est brut, il peut être entièrement recyclé (en engrais, en compost), mais pas dans les filières bois classiques, car comme évoqué précédemment, ce n’est pas du bois. Ce processus nécessite des équipements spécifiques et il n'est pas aussi répandu que le recyclage d'autres matières premières. Lorsqu'il est mélangé à des résines plastiques pour fabriquer des objets, il n'est par contre pas possible de le recycler. Il est trop difficile à extraire. Ces objets transformés ne peuvent pas non plus être recyclés dans les filières plastiques …
Les jouets en bambou sont ils écologiques ?
Avant toute chose, il convient de rappeler qu'un jouet écologique est un objet d'éveil qui respecte l'environnement pendant sa conception, sa fabrication, son utilisation, son recyclage et son élimination en déchet. Tout au long de son cycle de vie, il utilise des ressources naturelles, renouvelables, biodégradables et recyclables. Il aide à la préservation de la biodiversité. En s'amusant avec, il est sain, sûr et sans danger pour les enfants. En second lieu, il faut aussi souligner qu'un jouet écologique à 100 %, sans absolument aucun impact environnemental, cela n’existe pas. Il faut toujours un minimum d’énergie pour le produire, pour le transporter, pour le transformer plus tard en déchets. Cette notion d'écologie est en fait toute relative. Un cheval à bascule en bois naturel est à priori plus écologique que son homologue en plastique, fabriqués tous les deux au même endroit. Un jouet en plastique pour bébé fabriqué en France sera peut-être plus écolo qu'un jouet en bois fabriqué à l'autre bout de la planète, même recyclé. On peut multiplier les exemples à l'infini. La méthode la plus précise actuellement pour évaluer les impacts environnementaux des objets et des services est l'analyse du cycle de vie (ACV). C'est elle qui permettra d'évaluer leurs qualités en terme d'éco-conception et de protection de l'environnement.
Tous les jouets en bambou massif pour bébés, pour enfants ont les qualités du bambou décrites ci-dessus. A savoir, ils sont naturels, durables, robustes, biodégradables et recyclables. En revanche, pour ceux commercialisés en France et en Europe, ils ont de grandes chances d'avoir un mauvais bilan carbone, car majoritairement produits en Asie. Ils sont vraisemblablement plus écologiques que les jouets en plastique fabriqués aussi en Asie. Leur principal intérêt provient du fait qu'ils contribuent à réduire la dépendance au plastique. Par contre, ils le sont peut-être moins que des jouets en bois, voire en plastique, fabriqués en France ou en Europe. Seule une étude d'impact à l'aide de l'outil ACV permettrait de le déterminer de manière précise.
Les jouets et jeux en bambou mélaminé ont aussi toutes les qualités initiales liées à la culture du bambou. Par contre, le processus de transformation en objets ludiques avec l'addition de résines plastiques nocives annule tous les bienfaits écologiques initiaux. A cela, il convient d'ajouter comme précédemment l'effet négatif lié à leur transport sur de longues distances. Une analyse comparative permettrait de nouveau de le déterminer précisément. Concernant leur innocuité pour les bambins, il faudra évidemment aussi s'en assurer pour qu'ils puissent s'amuser et s'éveiller en tout sécurité.
En résumé, acheter des jouets en bambou à des jeunes enfants est à notre avis une fausse bonne idée pour les consommateurs français et européens. Au regard du mauvais bilan carbone engendré et du fait que dans la plupart des cas, le bambou brut est fortement transformé. Il y a bien suffisamment d'essences de bois massif en France, par exemple le hêtre (et de fabricants de jouets français) sans avoir besoin d'aller acheter celles venant de l'autre bout de la planète. Les jeux pour les enfants disposant uniquement d'une petite partie en bambou sont aussi une mauvaise idée. Bien souvent, il n'y a pas de remplacement d’un matériau, mais simplement un ajout, sans intérêt écologique. Cela permet à un fabricant de faire croire que ses jouets pour enfants sont " plus verts ". Il conviendra donc d'être particulièrement vigilant face au greenwashing et aux arguments développés par certaines marques de jouets. Si les atouts de la culture du bambou, écologique et vertueuse, ne sont plus à démontrer, à condition qu’elle soit raisonnée, que les plantations soient gérées durablement, son exploitation massive, sa transformation avec des rejets et sont transport sont beaucoup moins respectueux de l'environnement.
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31/07/2024 à 8h32
Publié dans Jouet en bois
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